Fêtes et traditions : Tout' moun' bô simityè


La Toussaint

Le 1er novembre est le jour où on honore ses morts et c'est la nuit des illuminations, signe de respect et de reconnaissance.

Cette fête se prépare deux ou trois semaines à l'avance en allant dans les cimetières pour nettoyer les tombes de sa famille. On arrache les mauvaises herbes, on nettoie les caveaux, on récure, on astique, on repeint pour que tout soit reluisant le jour de la Toussaint. Une tombe bien nettoyée est le signe que l'on s'occupe de ses morts.

Dans la plupart des cimetières, on aperçoit un grand nombre de caveaux familiaux qui traduisent l'importance accordée aux obsèques et à l'enterrement, ainsi qu'à sa dernière demeure.

Les caveaux sont de véritables petites maisons où sont déposés les cercueils des membres d'une même famille. Ainsi, même après la mort, la famille reste unie, les ossements ne sont pas éparpillés ou perdus.

Sur la taille d'un caveau, on peut se faire une idée sur la puissance "matérielle" d'une famille quoique certains n'hésitent pas à se priver durant leur vie pour construire un caveau et assurer leurs obsèques, afin de partir l'esprit tranquille.

Le jour de la Toussaint, tout le monde, parents comme enfants, en habits du dimanche, se rend au cimetière dès la fin de l'après-midi. On se recueille sur les tombes et on allume des bougies. On allume des bougies par dizaines, par centaines que l'on dispose en rangs, parfois serrés, sur les tombes, les caveaux. Petit à petit, tout le cimetière s'illumine de millions de petites flammes vacillantes sous la brise du soir.

Ceux qui ne peuvent se rendre dans le cimetière où sont enterrés leurs parents leur rendent hommage en allumant des bougies chez eux, sur le pas de leur porte, sur leur balcon.

Le cimetière se remplit peu à peu de monde, de paroles, d'éclats de rire. Souvent les familles se retrouvent, échangent leurs nouvelles, discutent. Les enfants s'amusent à lancer des cacas-bougie sur les gens, à courir entre les caveaux et à sauter par-dessus les tombes.

Devant le cimetière, les marchandes sont là avec leur voiture ambulante : le boire et le manger sont assurés. C'est une petite fête qui se poursuit tard dans la nuit.

Cependant, je me rappelle qu'une année, une célèbre série télévisée américaine diffusée à 20 heures dans le début des années 80, avait vidé bien plus tôt que prévu tous les cimetières de la Guadeloupe. La tradition ne tiendrait-elle qu'à un fil ?

 

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