Les métiers d'antan

Les « vidangeuses »

Le problème de l’évacuation des matières excrémentielles a longtemps été primordial notamment dans les chefs-lieux très peuplés tels Fort-de-France.

En l’absence de système « collectif » perfectionné de tout-à-l'égout, la « débrouillardise » a longtemps été le maître mot de la plupart des Foyalais.

Les citadins qui en avaient les moyens, disposaient d’une sorte de « service d’enlèvement ». Ce « service des vidanges », consistait, depuis la fondation de la ville jusqu’en décembre 1933, à collecter les matières dans des récipients, à les porter sur la tête à travers la ville, pour les vider au bord de la mer.

C’était le travail des « vidangeuses » ou « videuses ». Ces femmes de l’ombre (il s’agissait souvent de femmes âgées, on parle même d’octogénaires), s’étaient organisées en corporation, pour venir au secours des pauvres citadins, moyennant une rétribution. De bon matin, les videuses, habillées de noir, balai dans la main, munies de larges récipients coniques en fer blanc appelés « baquets » (« ka » en Guadeloupe) se dispersaient dans toutes les directions, sillonnaient la ville, frappaient aux portes des maisons pour chercher les vidanges particulières.

Elles récoltaient le contenu des sceaux hygiéniques en échange de quelques pièces de monnaies. Ensuite, leur « fardeau parfumé » sur la tête,  elles se rendaient en longues processions jusqu’au bout de la ville, à un endroit près du rivage, appelé Pointe Simon, pour vider et nettoyer les baquets dans la mer.  On affectait de ne pas les voir et à leur passage, on changeait de trottoirs. Plus à plaindre que les charbonnières, les malheureuses contraintes à ce travail étaient victimes d’une sorte de sceau d’infamie. 

 A partir de 1931 (1931 à Pointe-à-Pitre, 1933 à Fort-de-France), les videuses furent remplacées par « tinettiers ».

Tout aussi, rudimentaire et défectueux, que le précédent, le système des « tinettes » consistait à récolter les matières dans des « récipients » prévus à cette usage. D'abord grâce à des charrettes, puis des camions, les employés du « service d’enlèvement » récupéraient les tinettes pleines et en déposaient des vides.

Cette façon de procédé perdura dans certains quartiers foyalais jusqu’aux années soixante.

Remerciements à Claudia G. (Martinique ) pour ces informations.

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